Les tabous, c’est connu, on en viendra tous à bout. C’est en tout cas le cas du Musée du Vagin, ou « Vagina Museum », ouvert en 2017 à Londres, qui ambitionne de briser les tabous autour du sexe féminin et de s’inscrire dans notre société post #MeToo.
En plein coeur du quartier ultra-touristique de Camden, le musée attire autant les touristes que les curieux et pour cause, il se trouve entre les magasins de souvenirs et vêtements vintage.
Ceci n’est pas un cabinet des curiosités
C’est la première fois qu’un lieu est entièrement consacré à l’anatomie féminine, alors que l’Islande possède un Musée National des Phallus depuis 1997.

L’idée du « Vagina Museum » vient de Florence Schechter qui, après avoir découvert le musée islandais, s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’équivalant féminin. « Donc je l’ai créé« , explique la jeune femme, spécialiste de la vulgarisation scientifique.
La Londonienne n’est pas une novice en la matière puisqu’avant même l’ouverture du musée, elle avait organisé trois expositions temporaires autour de ce sujet. L’une d’elles, reprise dans l’actuel musée, visaient à démystifier les « mythes autour du vagin« . Entre affirmations et désinformations, les différents panneaux détricotaient les plus gros clichés comme celui qui dit qu’insérer un tampon revient à perdre sa virginité.
Les femmes gênées autant que les hommes
Florence Schechter s’est rendue compte, aux fils des ans qu’il y avait un gros problème dans nos sociétés : les femmes, elles-mêmes, semblent avoir honte de leur corps. « Certaines personnes ont trop honte de consulter un médecin lorsqu’elles ressentent des symptômes et meurent littéralement de cette honte parce que des choses comme le cancer du col de l’utérus ne sont pas dépistées assez tôt », s’insurge-t-elle.

Une étude britannique lui donne raison puisqu’elle révèle qu’entre un tiers et la moitié des femmes sont gênées lorsqu’elles doivent subir un frottis. Outre l’image de soi qui est à améliorer, on entre ici dans une véritable question de santé publique.
Pire encore, selon une autre étude, commandée pour l’institut YouGov en mars dernier, la moitié des hommes britanniques n’était pas en mesure de placer le vagin sur un schéma. L’étude montrait également les méconnaissances des femmes sur leur propre corps puis une femme sur deux penser qu’il était nécessaire de se laver le vagin.
Le musée du Vagin démarre sur un questionnaire pour savoir où vous en êtes avec votre connaissance de l’organe féminin. L’exposition est ensuite divisée en plusieurs parties: l’hygiène, les règles, les pertes,…

Exister dans un monde post-MeToo
Si le musée a ouvert ses portes en 2017, c’est surtout grâce au mouvement #MeToo qu’il a pu se développer et attirer un public plus large, « entre 2 et 98 ans », assure la directrice.
Le féminisme est dans l’air du temps et la nouvelle vague de militantes n’est pas pour déplaire au musée. « Nous aurons certainement plus de visiteurs que nous en aurions eu il y a quelques années. Je crois que nous sommes en train de vivre un grand changement de société et nous ne sommes qu’une partie de cela ».